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LES DIADOQUES EN AVEUGLE

 L'épopée d'Alexandre et de ses successeurs

Au IVe siècle av J-C, la civilisation de la Grèce classique n'est plus que l'ombre d'elle-même. Un bon siècle de luttes intestines a contribué à cette décadence. Pourtant, plus au nord, dans la rude province montagneuse de Macédoine, un nouveau royaume avait pris de l'importance grâce à la poigne de fer de son roi, Philippe II. Les Macédoniens étaient bien d'authentiques Hellènes, mais les Grecs de la péninsule considéraient avec mépris ces cousins un peu rustiques. Mal leur en prit car ces derniers parvinrent à les conquérir et à leur imposer leur loi.

Philippe, éduqué pendant trois ans à Thèbes, la meilleure école militaire de l'époque, forgea peu à peu l'armée qui lui permettra de contrôler les villes grecques et qui donnera à son fils la domination du monde.

Le principe de la phalange grecque classique est amélioré. La phalange macédonienne est beaucoup plus compacte et la longueur des sarisses (pique de 4 à 7 mètres de long, alors que celle des hoplites grecs était bien plus petite) permet l'action de plusieurs rangs en profondeur; l'action individuelle du combattant y est moins importante, bien qu'elle n'ait pas encore cet aspect de forteresse mouvante, irrésistible en terrain plat, qu'elle prendra sous les successeurs d'Alexandre. Face aux Perses, elle possède une grande force de choc et, surtout, une énorme capacité de résistance. Mais le facteur vraiment nouveau est l'utilisation de la cavalerie qui devient l'arme offensive principale, la phalange étant surtout destinée à accrocher, à retenir le gros de l'ennemi. De plus, un autre élément réapparaît, issu de la vieille tradition oubliée des Assyriens: l'art de la poliorcétique, de la prise des forteresses. C'est en effet sous la période hellénistique que l'art des sièges retrouve ses lettres de noblesse.

A la mort de Philippe II, son fils Alexandre III monta sur le trône et ambitionna de poursuivre, et dépasser, l'œuvre entamée par son père. II voulait surtout vaincre l'empire perse, ennemi traditionnel des Grecs, et conquérir tout le monde connu d'alors. Ses troupes pénétrèrent en Asie mineure (l'actuelle Turquie) et y libérèrent les cités grecques; s'emparèrent de la Syrie, de la Phénicie et de l'Égypte (où Alexandre se vit élever au rang de dieu vivant, incarnation de Zeus?Amon, par les prêtres égyptiens); anéantirent l'empire perse (trois grandes batailles: le Granique, Issos, et surtout Arbèles, connue également sous le nom de bataille de Gaugamèles) ; conquirent la Bactriane, la Sogdiane et la Transoxiane (Asie centrale soviétique et Afghanistan) et poussèrent jusqu'en Inde où elles défirent le roi Porus à la bataille de l'Hydaspe en -326. Revenu à Babylone, Alexandre le Grand y mourut en -323, à l'âge de 33 ans. Son épopée guerrière proprement dite avait duré douze années. Son empire était alors le plus grand que le monde n'ait jamais connu. La civilisation grecque avait pénétré profondément à l'intérieur de l'Asie et devait y laisser des marques durables, telles que l'art gréco-bouddhique par exemple°.

Alexandre (qui avait eu le grand philosophe Aristote pour précepteur) rêvait d'un empire universel et d'une fusion totale entre les civilisations de l'Orient et de l'Occident, chacune apportant à l'autre sa richesse et ses qualités. Pour ce faire, il avait même marié dix mille de ses soldats à des femmes perses et poussés à l'installation de ses hommes comme colons dans les territoires conquis.

La personnalité de ce chef hors pair est totalement romanesque. Elle est celle d'un personnage de tragédie antique et rarement un homme aura autant mérité que lui le titre de " héros" . Alexandre était un stratège et un tacticien de génie (au sens fort du terme) et son nom figure parmi les dix plus importants de toute l'Histoire militaire. Il était en outre doué d'un courage physique qui le faisait se lancer sans hésiter au plus fort des mêlées. Ses hommes l'adoraient, mais il était également alcoolique, violent, paranoïaque et mégalomane. Il se prenait réellement pour un dieu...

La légende raconte qu'au moment de mourir, alors que tous ses généraux le pressaient de dire à qui devait revenir sa succession, il eut juste la force de répondre, dans un dernier souffle: " Au meilleur ", Autant dire que la compétition était engagée et qu'elle s'annonçait féroce. Cet empire formidable se désagrégea aussitôt, chacun clamant sa légitimité et se taillant un royaume personnel. Une première guerre qui dura deux ans vit la défaite et la mort du puissant Perdiccas, régent d'Asie. Ses vainqueurs se retrouvèrent donc au printemps -321 à Triparadeisos pour un partage de l'empire. Ce ne fut qu'une trêve, et qui ne durera guère car les hostilités reprirent presque sur-le-champ. Les guerres des royaumes hellénistiques ne furent qu'une longue suite de trahisons, d'assassinats, de forfaitures et de coups bas. Un jeu de négociation était donc tout particulièrement indiqué pour les simuler Tous ces hommes furent en effet des personnages totalement nietzschéens ambitieux, au-delà de toutes limites, n'éprouvant aucune pitié, ne reculant devant aucun crime pour assouvir leur soif de pouvoir et de richesses et, surtout, ne croyant plus en rien...

Les luttes entre les " diadoques " (littéralement : les successeurs), puis entre les " épigones " (littéralement: les imitateurs; le plus souvent les fils des diadoques) et entre les diverses dynasties locales qui en furent issues s'étendirent sur un siècle, parfois deux en ce qui concerne l'Égypte ptolémaïque (dite encore " Lagide ") et l'Asie séleucide (Séleucos avait en effet reconstitué "son" empire perse). Les uns après les autres, les royaumes hellénistiques furent conquis par les Romains, alors en pleine expansion. L'Égypte le fut en dernier: la Cléopâtre de Jules César et d'Antoine était en effet une grecque et la dernière souveraine ptolémaïque.
Toute la période s'étendant d'Alexandre le Grand à la conquête romaine est donc appelée par les historiens période " hellénistique". Elle marqua à la fois l'apogée et le déclin de la civilisation grecque. La fusion avec les peuples locaux, souhaitée par Alexandre, ne se réalisa pas; l'hellénisation commença à peine (l'Empire romain la poursuivit). Elle toucha surtout les noblesses locales et les élites (ce qui n'est déjà pas si mal!) qui pendant encore de nombreux siècles, continuèrent à se réclamer de la civilisation grecque Pourtant, le bilan fut loin d'être négatif car les arts, les sciences, les lettres, la philosophie et le commerce profitèrent intensément de ce fantastique mélange de peuples et de cultures et ce malgré les guerres (ou peut-être à cause d'elles?).

Laurent Henninger


JOUER EN AVEUGLE

· Pourquoi jouer " en aveugle " ?

Et bien parce que c'est du Diadoque, oui, mais avec un certain parfum de mystère supplémentaire. Parfum à la saveur… de ce " brouillard " tant recherchés par les wargamers ? Je ne sais…
Il faut essayer !

Alors, imaginez.

Vous êtes dans votre palais, seul héritier d'Alexandre. Face à vous, perdus dans leurs satrapies, cinq usurpateurs. Ils n'ont pas tout compris. Pour l'instant…
Vos généraux étalent leurs cartes. Toutes vos possessions, vos phalanges, vos flottes y apparaissent ! L'offensive, secrète, est prête.
Certes.
Mais les autres Diadoque voient tout aussi !

Et c'est là ou tout change.
Vous jouez en " aveugle "…

Vous observez donc votre carte.
La Ionie est sécurisée avec un mercenaire. Cool. Votre garde de Carie, après avoir conquis la Pamphylie, qui appartenait à l'ennemi, est prête à se ruer sur la Cilicie. Une simple phalange de mercenaire, isolée qui plus est, vous garantis votre chef de l'espionnage. C'est donc du gâteau…
Oui…Mais n'y a t'il vraiment rien en Lycaonie ? C'est incohérent d'après les autres rapports ! Mais elle est où , cette ( censuré) d'élite ! ! !
Que faire ? Attaquer ? Mais si l'ennemi est en Pisidie ? 'Ah, si seulement j'avais espionné la Pisidie, je suis vraiment un …
Etc
Angoisse garantie.

A vous d'essayer.

· Comment se passe une partie ?

Chaque Diadoque dispose de 30 à 35 T suivant l'endroit ou il débute. Après avoir acheté ses premières unités ( au choix), il débute la partie, exceptionnellement avec l'ensemble de ses troupes dans sa province de départ. Puis il transmet ses ordres de mouvement, soutien, etc.
( Comme il y a peu de chances de rencontre les trois premières saisons, il est souhaitable qu'il fournisse au DM les mouvements du printemps, de l'été et de l'automne en même temps. Cela accélère la partie) .

Puis c'est parti pour la " routine " (3)




Tour d'été :
- Réception des résultats du tour du printemps : mouvement, bataille, contrôle des provinces, corruption, espionnage et contre espionnage.
- Envoi des ordres de mouvement, soutien , siège, corruption, anti corruption et espionnage / contre espionnage. (1)

Tour d'automne :
- Réception des résultats du tour du d'été : mouvement, bataille, contrôle des provinces, corruption, espionnage et contre espionnage
- Envoi des ordres de mouvement, soutien , siège, corruption, anti corruption et espionnage / contre espionnage. (1)

Tour d'hiver / printemps : (2)
- Réception des résultats du tour du de l'automne : mouvement, bataille, contrôle des provinces, corruption, espionnage et contre espionnage.
- Réception des revenus des Diadoque pour l'année qui suit.
- Contestation des revenus par les joueurs ( cela arrive, le DM n'est pas tout à fait Zeus).
- Entretien, licenciement et création d'unités. Ces ordres sont à noter de manière détaillée pour la survie du DM !
- Envoi des ordres de mouvement, soutien , siège, corruption, anti corruption et espionnage / contre espionnage. (1)

Tour d'été :
- Réception des résultats du tour du printemps : mouvement, bataille, contrôle des provinces, corruption, espionnage et contre espionnage.
- Envoi des ordres de mouvement, soutien , siège, corruption, anti corruption et espionnage / contre espionnage. (1)


ETC, ETC…

(1) note ; un ordre d'anticorruption est valable toute l'année, (il se termine fin automne, donc) une fois sont coup payé. Il est donc plus utile en début d'année. Il peut être augmenté par la suite. Par contre, les ordres d'espionnage, de contre espionnage et de corruption sont instantanés .
(2) Si ces deux tours sont indépendant de fait pour la gestion du jeu par le DM, ils peuvent être rassemblés en un seul tour pour les joueurs.
(3) Chaque tour, chaque Diadoque reçoit un récapitulatif de toutes ses actions du tour.

· Les règles et les nouvelles règles.

Les règles de bases sont celles édités par Casus Belli. Par contre la carte est celle de la nouvelle version. De nombreuses règles, ou clarifications, sont néanmoins utilisées pour cette partie.