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LA BATAILLE DE MONTLHERY

EN 1465

 

Nous sommes en mars 1465, Charles, duc de Berry, frère de Louis Xl quitte subrepticement le roi en pèlerinage dans le Limousin pour rejoindre les princes ligués contre leur souverain. La ligue du bien public ainsi nommée réunira le chef de la maison d’Anjou, le Roi René, les Ducs de Bretagne, de Berry, de Nemours et de Calabre (le Duc Jean), les comtes de Charolais, d’Armagnac, de Saint Pol et de Dunois ainsi que nombre de barons. Leur but est de déposer le Roi et de lui substituer son jeune frère Charles, personnage effacé, timide, facile à manœuvrer.

Louis Xl, afin de briser l’alliance des princes, entre en campagne dès le 17 avril, avec 11000 hommes. Les résultats sont mitigés. La situation empire dés la fin juin. Le duc de Bourgogne, malade, abandonne son pouvoir au profit de son fils le comte de Charolais (le futur Charles de Bourgogne) le plus acharné des ennemis de Louis XI. La pression sur les provinces du Nord s’accentue, Paris est menacé. Louis donne l’ordre à tous les gens d’armes et à tous les archers d’Ile de France d’aller prêter main forte aux défenseurs de Paris, il confie le commandement au maréchal Roualt. Le roi est à Riom, et annonce aux parisiens qu’il arrivera dans la capitale avec une armée sous 15 jours. Riom est à 200 milles de Paris !... L’armée royale progresse dans la direction d’Orléans, les unités d’élite de la cavalerie, les archers montés et l’artillerie ouvrent la marche, tandis que les fantassins avancent péniblement derrière eux. Placés sous la conduite d’un roi qui connaît l’art de la guerre, c’est avec un moral intact qu’ils progressent sur les routes poussiéreuses de l’été.

Le 7 juillet, l’armée bourguignonne franchit l’Oise à Pont Ste Maxence et fonce sur Paris. Les Bretons se dirigent vers l’Est, le comte du Maine allié au roi, peu enclin à se battre, n’offre plus aucune résistance, le Duc Jean s’apprête à quitter sa Lorraine pour marcher vers l’Ouest.

Le 11 Juillet les Bourguignons attaquent Paris qui résiste courageusement. L’armée du comte de Charolais possède la meilleure artillerie d’Europe. Elle réussit à s’emparer du pont de St Cloud, la route vers le sud est libre. Louis est à Orléans. Les forces en présence : l’armée bretonne de 12000 hommes progresse vers l’Est, le 13 juillet à 25 milles de Beaugency elle est en mesure d’attaquer le Roi par le flanc et de rejoindre les troupes bourguignonnes, soit un ensemble de près de 35000 hommes. Au sud les comtes d’Armagnac, de Nemours et de Bourbon. Au sud-est le maréchal de Bourgogne, et à l’Est le duc Jean avec une armée de cavaliers et de mercenaires suisses. Il y a un déséquilibre flagrant. A l’aube du 14 juillet après une marche forcée, Louis et ses hommes atteignent Étampes. Le Roi y dépose dans la tour fortifiée ses joyaux et trésors, puis marche vers la capitale bien décidé à livrer combat si les troupes bourguignonnes s’y opposent.

Le 15 juillet, le comte de St Pol, en avant-garde des troupes bourguignonnes occupe le village de Montlhery, mais ne peut prendre le château. Le corps principal de l’armée du comte de Charolais stationne à Lonjumeau.

Le mardi 16 juillet, l’ordre de bataille des troupes royales est le suivant : le grand sénéchal Pierre de Brézé commande l’avant garde qui, sur la butte de Montlhery, joue le rôle d’aile droite. Le Roi dirige le corps central tandis que le comte du Maine conduit l’arrière garde constituant l’aile gauche. L’Ost du comte de Charolais installé dans la plaine de Montlhery, s’étale à l’ouest de la route de Paris et à l’est presque jusqu’au village de Longpont (comte de St Pol).

Le Roi bien qu’occupant une magnifique position défensive, décide, bien qu’inférieur en nombre (14000 hommes contre 22000 hommes) de lancer ses troupes afin d’écraser d’un seul coup la ligue du bien public et de mettre fin aux dangereuses aspirations du duc de Bourgogne. Il envoie des messages sur Paris pour transmettre au maréchal de Roualt, l’ordre de sortir de la ville avec tous ses hommes et de prendre à revers l’arrière-garde bourguignonne, au mieux vers le milieu de l’après midi. Durant la matinée se déroule un duel d’artillerie, bien que celle du Roi soit modeste, elle creuse néanmoins de sanglants sillons dans la troupe adverse qui attend impatiemment pour attaquer, mais le comte de Charolais peu expérimenté, hésite.

Louis XI

A 14 heures Louis décide d’attaquer. Brézé et l’aile droite donnent le premier assaut, Louis charge ensuite le centre de l’armée bourguignonne, le comte du Maine ne devant attaquer qu’en dernier. La charge de Brézé qui y trouvera la mort, ouvre une large brèche dans l’armée du comte de St Pol qui se fragmente en divers groupes, les uns reculant, les autres fuyant. Au premier choc du corps central les rangs des adversaires sont brisés et les Français peuvent pénétrer au cœur de la mêlée. Il ne reste plus au comte du Maine qu’à attaquer l’aile du comte de charolais, tandis que le Roi le prenant à revers. La victoire est ainsi acquise. Mais le comte du Maine et sa troupe font soudain demi-tour et s’enfuient. En un instant un tiers des forces royales quitte le champ de bataille. L’aile droite bourguignonne bifurque vers la gauche pour attaquer la bataille centrale du Roi qui en un instant voit son éclatante victoire se transformer en un combat sauvage et incertain. On le croit mort au plus fort de la bataille, un début de panique se produit mais le Roi réapparaît au milieu des siens, les haranguant, les encourageant à ne pas faiblir. Ils se battent comme des chiens enragés, partout les Français tiennent bon. Enfin la pression se relâche. Le Roi regroupe ses forces et se retire sur les hauteurs de Montlhery, laissant les Bourguignons regagner leur camp de base, une poursuite pouvant avoir des conséquences désastreuses, l’arrière-garde du comte de Charolais partie à la poursuite du comte du Maine pouvant à tout instant revenir, Roualt n’avait donné aucun signe de vie et l’armée bretonne allait peut-être apparaître. La nuit prend possession du champ de bataille. Louis ordonne qu’on allume des feux dans le village, le long de la crête, ceux-ci laissant croire aux bourguignons qu’il faudra encore se battre le lendemain. Mais le Roi de France et ses hommes prennent la route de Corbeil, marchant vers la capitale. Ils ont si fort malmené les bourguignons, pourtant trois fois plus nombreux qu’eux, qu’ils ne craignent pas d’être poursuivis. Ainsi se termine la bataille de Montlhery, si le comte du Maine n’avait pas trahi, si Roualt était arrivé avec trois ou quatre cents hommes avant le coucher du soleil, Si ... !

Ainsi va la victoire.